Enoncé Français série ACD 2000
Baccalauréat de l'enseignement général
Madagascar
Session 2000
français – Séries : A C D
N.B. : Le candidat doit traiter UN SUJET sur les trois proposés.
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SUJET I
Pour un nouvel équilibre mondial
Pourquoi faut-il que deux paysans Kabyles1 trottant sur leurs bourricots se saluent aimablement alors que deux automobilistes en se doublant paraissent s’agresser ? Pourquoi faut-il que des hommes pauvrement vêtus, mal nourris, échangent aussi facilement des sourires amicaux, qu’ils soient si prompts à partager leur gaieté alors que les hommes d’Occident, cravate de soie et panse rebondie, ont le visage fermé et le regard absent ? Naturellement les rapports humains ne sont pas toujours aussi faciles dans les pays pauvres et ils ne sont pas aussi mauvais qu’on pourrait le croire chez nous.
Il n’en reste pas moins que nous avons fondé toute notre civilisation sur les sentiments de compétition et d’insatisfaction, sur les désirs de domination et de possession. Ce fut le secret de notre succès. Mais à présent que les résultats sont acquis, c’est les payer trop cher que de continuer à vivre de la sorte. Nous avons la possibilité de restaurer, et sur de meilleures bases, une société chaleureuse et fraternelle. Le temps n’est plus où la satisfaction de quelques uns devait passer par la misère du plus grand nombre. Les biens matériels existent. Dès lors le problème n’est plus d’accumuler les richesses, d’augmenter le confort et de forcer la technique. En tout cas ce ne doit plus être le problème essentiel. Il s’agit avant tout de vivre et d’être heureux. Or on ne peut atteindre un bonheur authentique dans une société d’inégalités et de tensions, dans une nature sale et dévastée, dans un climat général d’avidité et de conflits. Le monde de demain aura d’abord besoin de confiance, de justice, de tendresse, de beauté, de sérénité. La technique a fait ce qu’elle pouvait pour nous faciliter la vie. Mais les robots sont incompétents en matière de sentiments.
L’homme heureux n’a pas de chemise, disaient nos ancêtres lorsque les filatures n’existaient pas. Nous savons aujourd’hui qu’il est bon d’avoir une chemise et que chacun peut avoir la sienne. Il nous faut encore savoir que l’homme heureux n’a pas deux chemises. Il n’en a qu’une. Et le bonheur en plus.
François de CLOSETS, Le bonheur en plus, Denoël
1 Kabyle : homme habitant en Kabylie, région d’Algérie.
QUESTIONS
I. Compréhension du texte (6 pts)
1. Expliquez la phrase : « Le temps n’est plus où la satisfaction de quelques uns devait passer par la misère du plus grand nombre. » (3 pts)
2. Quelles sont les conditions du bonheur de l’homme actuellement ? (3 pts)
II. Etude lexicale et syntaxique (6 pts)
1. Vocabulaire
a. Expliquez : « biens matériels ». (1 pt)
b. Quel est le nom dérivé du verbe « agresser » ; puis construisez une phrase personnelle avec ce nom. (1 pt)
c. Donnez un synonyme et un antonyme de « sérénité ». (1 pt)
2. Grammaire
a. Réécrivez au discours indirect :
L’auteur se demandait : « Pourquoi faut-il que deux paysans Kabyles trottant sur leurs bourricots se saluent aimablement alors que deux automobilistes en se doublant paraissent s’agresser ?» (1 pt)
b. Employez la tournure impersonnelle sans changer l’idée exprimée :
« Nous avons la possibilité de restaurer une société chaleureuse et fraternelle. » (1 pt)
c. Transformez la subordonnée en groupe nominal sans changer l’idée exprimée :
« Il faut qu’on supprime complètement les inégalités dans le monde. » (1 pt)
III. Développement (8 pts)
L’auteur affirme : « On ne peut atteindre un bonheur authentique dans une société d’inégalités et de tensions. »
§ Mais pourquoi une telle société persiste-t-elle ?
§ Quelles solutions proposez-vous pour réaliser un monde sans inégalités et sans tensions ?
SUJET II
« La crainte de la différence, allant parfois jusqu’à son refus, est un réflexe largement répandu. Les enfants ont peur de se distinguer des autres. Les adolescents sont les premiers à suivre les modes. Mais, bien plus graves, les adultes se méfient presque instinctivement de tous ceux qui n’appartiennent pas à leur collectivité, entraînant rivalités de palier, discussions entre administrations, discordes entre nations, haines religieuses ou raciales.
Et pourtant ce réflexe est à la fois un non-sens biologique et une erreur fondamentale sur le plan culturel.
Sur le plan biologique, trois notions en aideront la compréhension :
D’abord, chaque être vivant est différent ; il est même unique tant il y a de variations possibles dans sa composition chimique. C’est le produit du mélange des caractères paternels et maternels, ceux-ci provenant eux-mêmes d’un mélange des caractères des quatre grands-parents. De plus, ces caractères (ou gènes) présentent dans les populations de multiples variantes. Pour l’homme, le nombre des combinaisons possibles dépasse, a-t-on dit, le nombre des atomes contenus dans tout l’univers connu. A chaque génération apparaissent donc, fruits de la loterie génétique, des êtres nouveaux, uniques car formés d’une combinaison entièrement nouvelle des caractères génétiques. La nature a bien pris soin d’assurer que ce mélange se reproduise à intervalles réguliers ; le sexe et la mort se répètent à chaque génération.
Ensuite, selon le processus darwinien de la sélection naturelle, les individus ayant reçu, par hasard, les combinaisons les rendant plus aptes à vivre dans un certain milieu, survivent et ont le plus de descendants, alors que les moins aptes en ont moins. Ainsi, grâce à la diversité des individus qui la composent, une espèce pourra-t-elle s’adapter à d’éventuels changements d’environnement, de climat ou à l’apparition de nouveaux parasites ou agents pathogènes. La différence entre individus est donc une nécessité absolue pour la perpétuation d’une espèce. Elle est la base de toute vie animale ou végétale.
Enfin, l’environnement façonne les variétés à l’intérieur des espèces : l’hirondelle nord-africaine n’est pas identique à celle de Norvège, le peuplier d’Italie diffère de celui du nord de l’Europe, le type humain méditerranéen diffère du type nordique, etc. Sur l’homme moderne l’influence de l’environnement joue peut-être moins qu’autrefois, mais son rôle est déterminant sur son psychisme. Deux vrais jumeaux qui ne diffèrent en rien sur le plan génétique subissent, surtout s’ils sont séparés, des influences externes différentes et deviennent ainsi deux êtres différents. Seul l’homme passe de l’individualité à la personnalité parce qu’il s’approprie à partir de son milieu social un patrimoine culturel.
De ces considérations, il apparaît donc clairement que l’unicité de chaque homme lui confère une dignité particulière donnant une raison supplémentaire de le respecter. »
Jean DAUSSET
Reproduit du Courrier de l’UNESCO, 1986
QUESTIONS
I. Résumez ce texte au quart de sa longueur. (6 pts)
II. Morpho-syntaxe (6 pts)
1. Vocabulaire
a. A quel type appartient ce texte ? Justifiez votre réponse. (2 pts)
b. Trouvez l’adjectif et l’adverbe dérivés de « perpétuation » ; puis construisez une phrase de votre choix avec chacun d’eux. (2 pts)
c. « Et pourtant, ce réflexe est à la fois un non-sens biologique et une erreur fondamentale sur le plan culturel. » :
Quel rapport établit le connecteur logique souligné entre le premier et le second paragraphe du texte ? (1 pt)
d. Réécrivez au discours indirect :
L’auteur a dit : « Seul l’homme passe de l’individualité à la personnalité en s’appropriant un patrimoine culturel maintenant. » (1 pt)
III. Développement (8 pts)
Que pensez-vous de l’affirmation suivante :
« La diversité ethnique et la diversité culturelle favorisent le développement d’une nation. »
SUJET III
Que pensez-vous de l’affirmation suivante :
« Respecter la tradition, c’est tourner le dos au développement. »