Baccalauréat de l'enseignement
général
Madagascar
Session 2009
FRANCAIS – Séries : ACD
NB : Le candidat doit traiter UN sujet sur les
TROIS proposés
SUJET I
TEXTE LES
SURDOUES SONT-ILS DES ENFANTS MARTYRS ?
Une colonie de vacances comme les
autres, celle qui, en juillet, réunissait une centaine de jeunes de 6 à 16ans
au Breuil-sur-Couze, à 10 kilomètres au sud d’Issoire ? Sans doute… A ceci
près qu’aux sports, aux jeux venaient s’ajouter des « distractions »
telles que l’électronique, l’informatique, l’astronomie. Et surtout, que les
pensionnaires s’affairaient à la représentation d’une œuvre lyrique aux
dimensions d’un opéra. Une entreprise peu courante à leur âge… Mais
voilà : ces enfants, parmi lesquels quatre Allemands, trois Belges, un Nigérian,
n’étaient pas tout à fait des enfants comme les autres. Dans le langage
courant, ils sont appelés « surdoués ». Un terme qui a beaucoup
d’inconvénients.
Premier inconvénient : il
est imprécis. A partir de quel seuil de quotient intellectuel doit-on
considérer qu’un enfant est surdoué : 130, 140, 160 ― la moyenne
étant évidemment de 100 ? Médecins et psychologues qui évaluent le Q.I. au
moyen de tests, ne sont pas entièrement d’accord là-dessus. De plus, le mot
évoque des réalités fort différentes. Avec des Q.I. (supérieurs) identiques, la
plupart des sujets réussiront brillamment et sans histoires à l’école, au
lycée, où ils se tailleront une réputation de « forts en thème ».
Mais d’autres se révèleront des cancres, apparemment incurables, si ce n’est
d’insupportables trublions. Leur intelligence demeurera insoupçonnée.
Cependant, deuxième inconvénient,
l’appellation « surdoué » a revêtu, aux yeux du public, une
coloration naïvement et systématiquement emphatique. « Quelle chance ont
les parents qui ont un enfant comme ça ! » pensent parfois ceux dont
le rejeton rapporte à la maison des bulletins d’une invariable médiocrité. Dans
leur esprit, être surdoué est la garantie infaillible du succès, non seulement
scolaire, mais social. Conséquence de cette mythologie : on voit des
géniteurs en possession d’un enfant intelligent vouloir à tout prix que
celui-ci s’inscrive dans la catégorie des surdoués.
« Mon fils est un
surdoué : il prévoit l’avenir », vient alors affirmer péremptoirement
une mère à un psychologue. Une autre sortira du cabinet de consultation en
claquant la porte, outrée. On a osé lui dire que sa fille était, certes,
supérieurement douée, mais qu’elle n’était pas pour autant une surdouée !
« Elle ne connaît pas son bonheur », soupireraient des parents
d’êtres authentiquement surdoués. Car, s’ils demeurent secrètement flattés, ils
ont pu mesurer aussi l’inconfort de la situation. « A 18 mois, Sylvie
parlait déjà. A 2 ans, elle nous reprenait lorsque nous commettions une faute
de français. En sixième, Luc s’est mis à dos un professeur qui, parlant
de la migration de certains animaux, expliquait qu’ils se dirigeaient d’après
le soleil. Notre fils a levé le doigt et fait remarquer ( il l’avait lu dans
des revues scientifiques) que des phénomènes magnétiques entraient également en
ligne de compte. Le professeur lui a dit qu’il ferait mieux de ne pas s’occuper
de ce qui ne le regardait pas. A la maison, il cassait tout ». Encore ne
s’agit-il là que de bénignité. D’autres parents se heurtent à des soucis
infiniment plus graves. Au point qu’on entend quelques-uns dire :
« J’aurais préféré avoir un enfant idiot ».
MICHEL LEGRIS, L’Express, 19-25,
Septembre 1986.
QUESTIONS
I.
COMPREHENSION (5 points)
1-
Selon le texte, quel est le sens du mot « surdoué » et son
implication pour le grand public ? (1,5pts)
2-
Pourquoi les idées divergent-elles quand il s’agit de qualifier un enfant de
« surdoué » ? (2 pts)
3-
D’après l’auteur, qu’est-ce qui distingue cette colonie de vacances des
autres ? (1,5pts)
II.
ETUDE LEXICO-SYNTAXIQUE (5points)
a- Lexique : (2pts)
1. Que signifie :
« insupportables trublions » ?
(0,5pt)
2. Quel est le synonyme de
« rejeton » ? (0,5pt)
3. Donnez le nom et
l’adjectif dérivés de « Authentiquement» (1pt)
b- Syntaxe : (3pts)
1. Faites la transformation
active de la phrase suivante :
Dans le langage courant, ils
sont appelés « surdoués ».
(1pt)
2. Transposez la phrase
suivante au style direct :
Le professeur lui a dit qu’il
ferait mieux de ne pas s’occuper de ce qui ne le regardait pas. (1pt)
3. Transformez en phrase
nominale : « Elle ne connaît pas le bonheur ». (1pt)
III.
EXPRESSION ECRITE (10 points)
« Les
enfants surdoués sont insupportables, alors il est préférable d’avoir un enfant
idiot ».
Etes-vous de cet avis ?. (40 lignes au maximum)
SUJET II :
TEXTE : LE
VEDETTARIAT
Champions de sport, chanteurs en vogue,
acteurs à la mode, ils deviennent des véritables modèles à qui vont toutes
faveurs. Sans doute les écrans petits et grands, les journaux font-ils quelque
place aux grands noms de la politique, des arts, de la littérature ou même de
la science. Mais dans le cas des vedettes, l’ordre des confirmations est
inversé. C’est parce qu’on a pu parvenir sur le devant de la scène qu’on obtient
une sorte de passeport pour les voies où se récoltent tous les autres avantages
que la société peut accorder aux statuts prééminents.
Le statut de vedette comporte d’autres
caractéristiques qui le rendent incomparable aux autres. D’abord il ne requiert
aucun titre préalable et semble arriver comme par magie. Le spectateur peut
s’identifier à la vedette car aucune barrière d’origine ou de formation ne le
sépare de son idole. Sans doute, faut-il beaucoup de talent et de travail dans
le « show-business ». Mais cela n’apparaît pas sur l’écran et tout
adolescent peut imaginer que si la chance lui sourit, la même ascension
foudroyante lui est possible. A quoi bon de longues études ? L’argent et
la gloire sont à la portée de la main.
Le vedettariat est d’ailleurs
polyvalent. Il confère la possibilité de briller partout. Le chanteur en renom
devient acteur de cinéma et vice versa. Tout individu touché par cette grâce
sera appelé à exprimer sur les ondes ses opinions, à parler de politique si
cela lui fait plaisir, à devenir conseiller patenté en tous genres.
Enfin, le trait le plus remarquable de
cette nouvelle aristocratie, c’est qu’elle ne suscite pas l’hostilité qui
s’attache généralement à la fortune. Elle est en marge ou au-dessus de la lutte
des classes, absoute de tout péché à tel point qu’il est parfois de bon ton que
le chanteur milliardaire se fasse le porte-drapeau du prolétariat et de la
révolte contre la société dont il est le premier privilégié. Au lieu d’être une
tare, la richesse est ici facteur de popularité. Les chroniqueurs font état des
villas somptueuses, des voitures de prix, des cachets fabuleux pour stimuler la
dévotion des admirateurs.
La réussite semble être consacrée ou
même conférée par l’accès aux magazines et aux écrans. L’interprète éclipse le
créateur. Bien mieux : on parle d’une chanson « créée » par
Hallyday et d’un film de Belmondo. Celui qui compte, c’est celui qu’on voit.
Ainsi, les valeurs sociales sont conditionnées par les communications de masse.
Cette évolution est-elle fatale,
irréversible ? Elle l’est sans doute davantage dans la mesure où elle
n’est pas décelée, repérée. Elle peut être freinée par une éducation du public,
par un travail démystificateur et aussi peut –être par le reclassement des
valeurs que produit souvent la satiété ou la retombée des modes.
Jean CAZENEUVE, in La
vie dans la société moderne.
QUESTIONS
I - COMPREHENSION (10 points)
1 - Expliquez « ascension
foudroyante » (1
pt)
2 - Trouvez dans le texte 2 mots appartenant au champ
lexical de la religion. (1 pt)
3 - Quels sont les domaines concernés par le
vedettariat ? (2
pts)
4 - Montrez que le vedettariat est néfaste pour un
adolescent. (2,5 pts)
5 - Quelles solutions proposez-vous pour remédier à
l’inconscience du public face au vedettariat ? (2 pts)
6 Transformez
en interrogation indirecte : « Cette évolution est-elle
fatale ? ». (1,5pts)
II. Résumé :
(10 points)
Résumez
ce texte au quart de sa longueur (Environ 120 mots)
SUJET III.
Dissertation : (20 points)
« Nous
avons tort de croire que le tourisme peut contribuer efficacement au
développement de notre pays ».
Quelles réflexions suscite en vous cette affirmation d’un
journaliste ?