Enoncé Français série ACD 2010
Baccalauréat de l'enseignement général
Madagascar
Session 2010
FRANCAIS – Séries : ACD
NB : Le candidat doit traiter UN sujet sur les TROIS proposés
SUJET I
La peur du nombre
Les pays développés ont, ces trente dernières années, connu une faible croissance démographique et une forte croissance économique. Beaucoup de gens en déduisent qu’il y a là une relation de cause à effet. La Conférence du Caire, tenue en septembre 1994, aboutit à une résolution qui fait le même raisonnement : limitons les naissances pour obtenir le développement.
Pour ma part, je soutiens l’argument contraire. C’est le développement qui entraîne une baisse de la fécondité. On n’a jamais pu établir comment un contrôle a priori de la démographie pouvait entraîner un développement économique.
En revanche, les mécanismes par lesquels le développement détermine une baisse de la fécondité sont connus et se vérifient au niveau individuel. Le développement entraîne une scolarisation plus longue et un plus fort coût des enfants, donc on en fait moins. Il donne aussi aux parents la possibilité d’investir dans la réussite sociale. En France, la mobilité sociale a été une des causes importantes de la baisse de la fécondité au XIXè siècle […]. Ou bien encore, on agissait ainsi pour donner la meilleure éducation possible à l’enfant unique. C’est ce qui est en train de se produire en Chine par exemple.
Par ailleurs, dans les pays où la mobilité ascendante est improbable, l’intérêt d’avoir peu d’enfants est beaucoup moins clair. Dans la plupart des sociétés rurales, les enfants nombreux multiplient les chances de réussite, et apportent en tout cas une aide à la famille car ils représentent une force de travail quand la scolarité est peu développée.
A supposer qu’on trouve de l’argent, il ne suffit pas de construire des écoles dans les pays du Sud pour obtenir des résultats. Les parents n’acceptent cette contrainte de l’école que si elle ouvre des perspectives de promotion. Pour accepter cette éducation de masse, il faut des motifs très puissants, religieux ou économiques. C’est sans doute le développement qui conduit à une demande d’éducation, plus que l’inverse. Et il y a un rapport direct entre l’éducation, en particulier celle des femmes, et la fécondité. C’est ainsi que le développement entraîne une baisse de la fécondité.
Hervé Le Bras, Sciences Humaines n°50, Mai 1995
QUESTIONS
I. ETUDE LEXICALE ET MORPHO-SYNTAXIQUE (5 points)
I-1. Lexique
1- Quel est le nom dérivé de l’adjectif « unique » ? (0,5 pt)
2- a. Donnez le nom de la même famille que le verbe « investir ». (0,5pt)
b. Construisez une phrase correcte avec le nom trouvé. (0,5pt)
3- Expliquez l’expression « mobilité ascendante » (0,5pt)
I-2. Morpho-syntaxe
1- « C’est le développement qui entraîne une baisse de la fécondité. »
Au niveau de la structure, de quel type est la phrase ci-dessus ? (1pt)
2- Mettez la phrase suivante à la voix active :
« Les mécanismes de la baisse de la fécondité sont connus. » (1pt)
3- Transformez en deux phrases simples la phrase complexe qui suit :
« La Conférence du Caire aboutit à une résolution qui fait le même raisonnement. » (1pt)
II. COMPREHENSION (5 points)
1- En 1994, quelle est la condition pour qu’un pays se développe ? (1,5pt)
2- Quels avantages apportent un enfant unique ? (1,5pt)
3- Pourquoi la famille nombreuse intéresse-t-elle la plupart des ruraux ? (2pts)
III. EXPRESSION ECRITE (10 points)
« Les enfants nombreux multiplient les chances de réussite. »
Etes-vous de cet avis ? (30 à 40 lignes environ)
SUJET II :
TEXTE :
A l’euphorie des progrès scientifiques, ce monde de production, du libre entreprise et de la mondialisation, les éduqués sont les maîtres vu que grâce aux avantages tirés des parcours éducatifs à l’école, dans la famille du départ, la rue, la société civile et politique, peu importe leur sexe, leur origine ou nationalité, ils possèdent la qualité intellectuelle, civique et morale convenable pour évoluer, maîtriser et dominer ce monde d’une évolution inimaginable. Il est donc de leur devoir de prendre conscience qu’une autre dimension de la mondialisation qui attire de plus en plus l’attention du grand public touche à l’environnement, à notre utilisation des ressources de notre terre, à la transmission aux générations futures d’un milieu sain. Nous prenons conscience que l’environnement est un bien commun qui ne se limite pas, loin de là, à un espace national. Du même coup, la recherche de solution pour pallier aux accidents et aux déprédations* ne peut plus se situer à l’échelle individuelle ou nationale. L’événement terrible et spectaculaire que fut l’explosion d’un réacteur à la centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine en avril 1986 a fait largement prendre conscience d’une vulnérabilité collective. Rappelons quelques chiffres stupéfiants, suite à cet événement : 5 millions de personnes exposées aux radiations dont 1,7 effectivement irradiées. 70% des retombées du nuage radioactif qui se forma s’abattirent sur l’Ukraine, la Biélorussie et la Russie mais les retombées eurent des effets jusqu’en Suisse, France et Italie. Ainsi, en France, dans le département de la Drôme, les plantes aromatiques et médicinales resteront radioactives jusqu’en mai 1997. Il est exact que chaque amélioration technique a des inconvénients.
Des rencontres internationales cherchent donc à fixer des normes environnementales qui seraient à appliquer à l’ensemble de notre espace-monde. Mais comment moduler cette contrainte ? Sous quelles formes l’appliquer ? Quels sont les risques qui pourraient être éventuellement partagés ? Derrière ces questions pointent des enjeux qui rendent obsolète* la notion de souveraineté nationale. Mais peut-on simplement laisser jouer la loi du plus fort dans un forum dominé par seulement quelques-uns ? Le sort de la planète est entre les mains des éduqués.
P. Bernard Chandon Möet, « Des manifestations de la mondialisation »,
Lakroan’i Madagasikara, Octobre 2000.
* Déprédation : Exploitation de la nature sans souci de pourvoir au renouvellement de ce qu’on détruit.
* Obsolète : Qui n’est plus en usage.
QUESTIONS
I - COMPREHENSION (10 points)
1 - Dégagez l’idée générale du texte. (1 pt)
2 - Etudiez la formation du mot « inimaginable ». (1 pt)
3 - Trouvez le paronyme de « événement » et utilisez-le dans une phrase significative. (1 pt)
4 - Mettez au discours indirect la phrase ci-après en l’introduisant par « L’auteur expliqua » :
« Les éduqués sont les maîtres car ils possèdent la qualité intellectuelle, civique et morale
convenable pour évoluer, maîtriser et dominer ce monde ». (1,5 pt)
5 - Reliez les deux propositions indépendantes suivantes pour former une phrase complexe ayant
une proposition subordonnée circonstancielle d’opposition :
«Des rencontres internationales cherchent à fixer des normes environnementales. »
« Quelques-uns font jouer la loi du plus fort. » (1,5 pt)
6 - Pourquoi ne peut-on plus considérer l’environnement comme un bien commun national ? (2 pts)
7 - Quelles sont les raisons qui poussent l’auteur à affirmer que le sort de la planète est entre
les mains des éduqués ? (2 pts)
II. Résumé (10 points)
Résumez le texte au quart de sa longueur. (Tolérance +/- 10%)
SUJET III.
Dissertation (20 points)
Dans quelles mesures peut-on dire que les recherches et les découvertes scientifiques sont comparables à une arme à double tranchant ?