Cours : ACIDES FORTS et BASES FORTES.

Réaction acide fort/base forte

 

 

Objectifs:

-Définir un acide fort, une base forte et la transformation chimique de l’un avec l’autre..

-Utiliser un petit logiciel « dosaexe » bien pratique quand on ne dispose pas de pHmètre

 

Connaissances requises :

-Définition du pH, autoprotolyse de l’eau, produit ionique de l’eau :[H3O+].[OH- ]=KE.

-Solutions acides et basiques.

 

Rappel :

Définition de la concentration d’une solution:

C’est la quantité de matière  de soluté introduite par litre de solution aqueuse finale sans préjuger de la conséquence de cette introduction (réaction totale,  partielle ou nulle avec le solvant).

Remarque : pour éviter toute confusion, celle-ci est symbolisée par le lettre « c » ; la notation en double crochets « [] » est réservée à la concentration d’une espèce chimique particulière dans la solution.

 

 

1-REACTION DU CHLORURE D’HYDROGENE AVEC L’EAU :

 

 

1-Mesures du pH de solutions de chlorure d’hydrogène de différentes concentrations 

b/mesures  :

 

cA (mol.L-1)

1,0. 10-2

5,0. 10-3

1,0.10-3

pH=-log[H3O+]  *

2,0

2,3

3,0

-log cA

2,0

2.3

3.0

 

* cette relation de définition du pH ne s’applique que pour les solutions suffisamment diluées : nous supposerons que c’est le cas lorsque c<=5.10-2 mol.L-1. 

 

Pour d’autres concentrations, on trouvera les valeurs du pH obtenues sur le graphe ci-dessous :

 

(Utiliser le logiciel « Dosaexe » : Sélectionner :simulation/définir le système/coupleH3O+/H2O/dilution/OK.)

 

Ce logiciel permet de tracer la courbe de variation du pH en fonction du cologarithme décimal de  la concentration c de la solution, soit : pH=-log cA. Il faut définir définir au départ le domaine de variation de cA.

 

http://192.168.0.128/LotusQuickr/accesmad/PageLibrary85256EA100356703.nsf/h_Index/E51A2F531A32D2F8C12574000048F082/$FILE/image002.jpg?OpenElement&1204463940

 

La courbe est une droite de pente égale à 1 dans un certain domaine

Ainsi, les mesures et le graphe  montrent que :

pH=-log cA   tant que  cA>=10-6 mol.L-1.

 

2-Interprétons ces résultats :

 

L’introduction de HCl dans l’eau rend la solution acide. Cela signifie que lors de cette introduction, la concentration en  ion hydronium [H3O+] augmente (et que par conséquent celle en HO- diminue puisque le produit [H3O+].[HO-] est constant.)

Ecrivons les équations des réactions chimiques à considérer 

(1) H2O +H2O= H3O+ + HO-  (équilibre d’autoprotolyse de l’eau)

(2)  HCl + H2O --> H3O+ + Cl  ( réaction de dissociation de l’acide HCl dans l’eau)

 

  

a/  pour 10-2<cA<10-6

Le pH de l’eau avant introduction de l’acide est voisin de 7 .La solution est neutre.

Après introduction de l’acide HCl, le pH de la solution baisse de façon notable.

Nous pouvons supposer que la seule réaction à prendre en compte est la (2)

Dans cette hypothèse, les ions hydronium  proviennent uniquement de l’introduction de HCL dans l’eau et la réaction (1)d’autoprotolyse peut être négligée .

De pH= -log[H3O+]=-log cA., on tire [H3O+]=CA..

Pour CA=10-2 moL.L-1, pH=2,0 et donc [H3O+]= 1,0.10-2 mol.L-1.=CA

 

Ce qui signifie que toutes les molécules HCl apportées dans la solution  sont transformées en H3O+.et Cl- ,la réaction est dite totale et l’acide HCL est dit « fort ».

 

 

b/ cA<10-6 :

 

Les deux réactions sont à prendre en compte pour le calcul du pH.

Pour une dilution infinie le pH devient  celui de l’eau ! Il tend donc vers 7.

La courbe ci-dessus tend vers une limite.

La relation pH=-logcA n’est bien entendu plus applicable !

 

 

 

 

2/REACTION DE L’HYDROXYDE DE SODIUM AVEC L’EAU :

 

a- mesures du pH :

 

cB (mol.L-1)

1,0. 10-2

5,0. 10-3

1,0.10-3

pH=-log[H3O+]  *

12,0

11,7

11,0

14+log cB

12,0

11,7

11,0

 

 

http://192.168.0.128/LotusQuickr/accesmad/PageLibrary85256EA100356703.nsf/h_Index/E51A2F531A32D2F8C12574000048F082/$FILE/image004.jpg?OpenElement&1204463940

La courbe pH=f(-logcB) est une droite de pente -1 .La relation s’écrit ,dans le domaine linéaire :

pH=14 + logcB  tant que cb>=10-6 mol.L-1.

 

b -interprétation :

 

Les solutions d’hydroxyde de sodium sont basiques.

La dissolution de la soude dans l’eau s’écrit :

NaOH(s) à Na+aq + HO-aq. (3)

Le produit ionique de l’eau : [H3O+].[HO-]= KE =10-14 à 25°C permet de donner une définition équivalente du pH  : pH=-log[H3O+] = 14 + log[HO-] (valable à 25°C)

On déduit ainsi des mesures que : [HO-]=cB.

Ce qui signifie que la transformation (3) est  totale .Pour cela on qualifie l’hydroxyde de sodium de base forte.

La relation encadrée n’est bien sûr plus applicable pour des solutions très diluées (cB<=10-6).

Dans ce dernier cas, il faut prendre en compte l’autoprotolyse de l’eau pour évaluer le pH.

Pour une dilution infinie,le pH est celui de l’eau ! Le pH ne peut descendre en dessous de 7 !

La relation encadrée ci-dessus est donc à utiliser avec précaution !

 

 

 

 

 

III REACTION ACIDE FORT/BASE FORTE :

 

a- manipulation (voir montage ci-dessous) :

Préparons par exemple vA=10,0ml d’une solution de chlorure d’hydrogène de concentration cA =1,0.10-1mol.L-1 dans un bécher de 100ml.

Versons ml par ml une solution d’hydroxyde de sodium  Na+ + HO- de concentration            cB =1,0.10-1 mol.L-1 et notons à chaque fois le pH de la solution après homogénéisation.

 

http://192.168.0.128/LotusQuickr/accesmad/PageLibrary85256EA100356703.nsf/h_Index/E51A2F531A32D2F8C12574000048F082/$FILE/image006.jpg?OpenElement&1204463940

b-résultats (tracé de la courbe pH=f(vB) dans « dosaexe »avec tracé de l’équivalence par la « méthode des tangentes parallèles »

 

http://192.168.0.128/LotusQuickr/accesmad/PageLibrary85256EA100356703.nsf/h_Index/E51A2F531A32D2F8C12574000048F082/$FILE/image008.jpg?OpenElement&1204463940

 

 

 

 

c-interprétation :

 

L’allure de la courbe résulte nécessairement d’une transformation chimique entre les espèces

chimiques H3O+ présentes dans la solution acide et OH- apportées par la solution d’hydroxyde de sodium(nous admettrons que les espèces Cl- et Na+ ne réagissent pas).

 

Une simple dilution des espèces lors de l’ajout de la solution d’hydroxyde de sodium ferait monter légèrement le pH qui resterait acide.

 

Or, nous voyons que le pH dépasse la valeur 7, cela ne peut se produire que si les ions H3O+ disparaissent complétement, car les ions hydronium sont très minoritaires en milieu basique

 

La courbe présente un saut de pH vers vB=10mL. Pour cette valeur de vB=vbE(point d’équivalence),  la courbe pH=-log[H3O+] augmente très brutalement ce qui n’est possible que si  [H3O+] décroît très fortement.

1-Montrons que la réaction est totale :

L’équation à prendre en compte est la réaction acide base (écrite dans le tableau ci-dessous)

Il est commode de réaliser un tableau d’avancement pour un mélange particulier, par exemple 10mL de solution acide et 5,0mL solution d’hydroxyde de sodium versé.

Soit x la quantité de matière définissant l’avancement :

Quantités (mmoL)

H3O+

+          HO-

-->   2H2O

Etat initial vB=0

(avant toute réaction)

nH3O+i=cA.vA

 

=10-1.10=1,0 mmoL

nHO-i=CB.VB

 

=10-1.5=0.50mmoL

0

Avancement x

(quantités à l’état final,après réaction)

1-xF

0.5-xF

2.xF

Avancement maximum xm

1-xm=0.5mmoL

0.5-xm=0

2.xm=1mmol

 

L’avancement  maximum xm  est celui pour lequel la réaction serait  totale. (Ce qui n’est pas forcément le cas en général). Cela signifie alors que le réactif limitant (ou en défaut : ici HO-) a complètement disparu,( ou les deux réactifs ont disparu si le mélange est dans les proportions stoechiométriques ce qui n’est pas le cas dans notre exemple):

Soit : 0.5-xm=0 et donc xm=0,5mmoL. Il resterait alors : 1-xm=0,5mmoL de H3O+ qui est ici en excés.

 

Revenons à l’avancement à l’état final xF.

De pH égal à environ 1,5, lu sur la courbe ,nous en déduisons :[H3O+]=10-pH=10-1.5 =0.032mol.L-1.

Soit nH3O+ restant= 0.032.(15)=0.48mmoL#0.50mmoL.

Donc : (1-x)=0.5mmoL et donc x=xm=0,5mmoL ce qui confirme que la réaction est totale.

Ce raisonnement est applicable tant que :  0<vB<10mL.

2-Etude de l’équivalence :

Définition générale : L’équivalence est obtenue lorsque les quantités de réactifs sont mélangées dans les proportions stoechiométriques de l’équation de la réaction.

C'est-à-dire quand nHO-= 1,0mmoL. Soit cBvB= 1,0 mmol et Vb=10,0mL.

La réaction étant totale on pourrait penser que tous les ions H3O+ du départ ont réagi avec tous les ions HO- versés ,ce qui est quasiment vrai !.Sauf que la réaction donne de l’eau et que l’eau apporte des ions H3O+ et HO- par l’autoprotolyse en quantité infime!

A l’équivalence on a donc : [H3O+]=[OH-] =10-7 mol.L-1.et donc pH =7.

 

Si les concentrations précédentes ne sont pas absolument nulles cela résulte de l’existence de l’autoprotolyse de l’eau qui n’est autre que la réaction inverse de la réaction acide fort/base forte. Les deux réactions inverses l’une de l’autre constituent un équilibre chimique.

 

Il faut encore préciser que les ions sodium et chlorure ne réagissent pas avec l’eau et que la neutralité (pH=7) est bien maintenue malgré leur présence.

 

Détermination expérimentale de l’équivalence :

 

Cette détermination est nécessaire pour réaliser un dosage.

Au point d’équivalence, la pente de la courbe est maximum .Cette propriété peut être mise à profit pour sa détermination.

a-A partir de la courbe : 2 méthodes sont possibles : méthodes  des tangentes et  celle de la dérivée :ces dernières sont utilisées dans le logiciel « dosaexe ».

b-utilisation d’un indicateur coloré adapté : il faut choisir l’indicateur dont la zone de virage inclus la valeur du  pH à l’équivalence. Dans le cas de la réaction acide fort/base forte c’est le BBT (bleu de bromothymol) qui est le mieux adapté.

 

3-La courbe au-delà de l’équivalence :

Les HO- ajoutés sont alors en excès .Ces derniers sont dilués dans la solution.

Le pH est celui d’une solution diluée d’hydroxyde de sodium.

 

 

 

d- Effet thermique au cours de la réaction :

On peut le mettre en évidence facilement en utilisant des solutions concentrées (2 mol.L-1 par exemple) et en réalisant doucement le mélange.

 

 La réaction acide fort/base forte est exothermique. Par voie de conséquence l’autoprotolyse (réaction inverse) est endothermique.