DIFFRACTION ET INTERFERENCES

http://www.ac-nice.fr/clea/lunap/html/Interf/InterfEnBref.html

(D'après un article de G. Paturel, Cahiers Clairaut n°87, p4, 1999)

Nous considérons la lumière comme une onde. Que se passe-t-il quand deux ondes se rencontrent ? Deux ondes qui se rencontrent vont interagir entre elles. Ont dit qu'elles interfèrent. Voyons cela de plus près.

Les interférences

Imaginons deux sources émettant une onde chacune. Nous supposerons que ces ondes sont en phase. Cela signifie qu'au moment de leur départ, les deux ondes sont dans le même état. Si on se rappelle que la période d'une onde lumineuse est de l'ordre de un millionième de milliardième de seconde, ce ne doit pas être facile pour créer deux ondes parfaitement synchrones. En fait on utilise couramment une source et son image, ce qui permet ainsi d'avoir deux sources synchrones. Une autre condition qu'il est important de satisfaire est d'avoir deux ondes de même fréquence. Nous verrons cependant qu'il est possible de voir des interférences sans cette condition (voir les activités proposées). Mais poursuivons les explications.

 

 

Observons la figure ci-dessus. Quand les deux ondes arrivent en F, elles ont parcouru exactement le même chemin. Elles sont parfaitement en phase. On a donc une source deux fois plus intense en ce point. Si on s'écarte de F suffisamment, l'un des trajets sera plus long, l'autre plus court. Les longueurs d'onde lumineuses ordinaires étant très petites (quelques centaines de nanomètres) il ne faut pas beaucoup d'écart entre les deux chemins lumineux pour faire un décalage d'une demi- longueur d'onde. Quand cela se produira, les deux ondes seront opposées et s'annuleront. C'est ce qui se produit en F' et F". Si on considère des écartements de plus en plus grands, il arrivera un moment où, à nouveau, les ondes seront en phases, puis, à nouveau, où elles s'annuleront, etc. Le résultat sera une alternance de régions lumineuses (ondes en phase) et de régions sombres (ondes décalées d'une demie longueur d'onde - dites en opposition de phase).

 

 

La diffraction

Maintenant que nous avons compris comment fonctionnent les interférences, nous allons pouvoir comprendre la diffraction. Ce phénomène est particulièrement important en astronomie. Il permet de comprendre la limite de résolution des lunettes et des télescopes, ce qui ouvre la voie de l'optique moderne.

 

Pour commencer, posons- nous la question suivante : Comment une onde agit-elle sur une surface métallique plane (comme un miroir plan) ?
Nous avons vu (lumière) qu'une onde lumineuse est un champ électrique oscillant. En présence d'un champ électrique, un électron subit une force (F = e E), donc une accélération. Or un électron accéléré crée un champ électrique E', donc une onde.
Tous les électrons libres de la surface métallique sont mis en mouvement de va-et-vient sous l'effet de l'onde lumineuse. L'onde est absorbée, mais les électrons, en oscillant, vont tous réémettre à la même fréquence et dans toutes les directions.
Comment vont se recombiner toutes ces ondes réémises ? Avant de répondre nous avons besoin de faire un petit détour par l'optique d'un miroir de télescope.

 

Sur la figure nous voyons les plans d'égale phase qui arrivent sur le miroir. Quand l'onde plane se réfléchit sur le miroir paraboloïdal, tous les rayons vont converger au foyer F. Il est facile de voir qu'ils seront en phase, d'après la définition même d'une parabole (lieu des points équidistants d'une droite et d'un point). En effet, AF = A'A, BF = B'B etc. Or dans le plan contenant A'B' les rayons auraient tous été en phase, comme avant. Donc, puisqu'ils ont parcouru le même chemin en arrivant en F, ils sont en phase, comme avant.

 

Regardons ce qui se passe près du foyer, quand l'image d'une étoile distante arrive sous forme d'une onde plane. Tous les électrons excités, par l'onde et qui réémettent, donneront des ondes qui seront toutes en phase en un seul point, le point F. En dehors il y aura une superposition des ondes, mais elles seront un peu décalées (on dit déphasées). Il y aura même des points où les ondes s'annuleront complètement.

Si on considérait deux électrons réémetteurs on observerait, comme pour les interférences de deux sources synchrones, une série de maxima et de minima. Mais en prenant en compte tous les électrons on observe un maximum en F (car il n'y a qu'en ce point que toutes les ondes sont en phase) et quelques ondulations de part et d'autre du maximum, résidus de la superposition de toutes les ondes déphasées. Le calcul précis montrerait que l'image de l'étoile ponctuelle apparaîtrait comme sur la figure ci-dessous. Cette figure s'appelle l'image de diffraction du miroir. On l'appelle aussi "la tache d'Airy", du nom de l'astronome anglais qui a contribué à faire comprendre ce phénomène. Sa demie largeur est :

e = 1,22 l/D

 

Si on applique cette relation à un télescope dont le miroir a un diamètre D (en mètre) pour une longueur d'onde de 550 nanomètres, on trouve :

e = 1,22 . 550 . 10-9 /D
(
e est ici exprimé en radians).

Calculons le en seconde de d'angle.

e = 1,22 . 550 10-9 . (180 . 3600 / p)/D

C'est-à-dire :

e = 0,14 / D
(
e est exprimé en seconde d'angle et D en mètre).

On voit qu'avec un petit télescope de 20 cm de diamètre on peut séparer deux étoiles distantes angulairement de moins d'une seconde d'angle. Nous verrons qu'en pratique, l'atmosphère vient perturber ce résultat. Mais il y a des solutions avec les optiques modernes.

Que voit-on en pratique, quand on regarde une étoile avec un télescope ? L'étoile est ponctuelle. On devrait donc voir une "tache d'Airy". C'est-à-dire une image centrale de largeur e, entourée d'anneaux de moins en moins brillants (les petites ondulations résiduelles). En pratique, avec un gros télescope, la tache d'Airy est si petite que les anneaux résiduels sont complètement masqués par les turbulences atmosphériques. En revanche, avec un petit télescope les anneaux sont parfois visibles.

 

DIFFRACTION ET INTERFERENCES -Activités

G. Paturel et J. Ripert

Pour observer un phénomène d'interférence, il suffit, à l'aide d'une aiguille, de percer deux tout petits trous, séparés d'un demi millimètre, dans du papier d'aluminium. Pour cela, placer le papier d'aluminium sur du carton et enfoncer seulement l'extrémité de l'aiguille. Placer les deux trous devant l'œil et observer dans une obscurité partielle l'ampoule allumée d'une lampe de poche placée à cinq ou six mètres. Il ne faut pas observer le réflecteur de la lampe mais l'ampoule seule, en ouvrant le boîtier de la lampe.

On voit l'ampoule striée de bandes sombres et claires qui sont orientées perpendiculairement à la direction des deux trous. Nous avons réussi à faire une ou deux photos du phénomène, mais la réalité est bien plus belle. Essayez, c'est simple et ça marche.

Les franges d'interférences

Pour observer un phénomène de diffraction et une tache d'Airy, c'est un peu pareil. Il suffit, à l'aide d'une aiguille, de percer un petit trou d'aiguille dans du papier d'aluminium. Avec une aiguille très fine on peut percer au diamètre de l'aiguille. Le trou sera ainsi bien rond et on pourra voir les anneaux de diffraction. Placer le trou devant l'œil et observer. L'ampoule peut être un peu plus proche que précédemment. Les anneaux ne sont pas très réguliers mais ça marche !

En tous cas, on voit bien que la lumière se comporte de manière inhabituelle : elle ne va pas en ligne droite bien sagement, sinon on verrait les bords du trou bien nets, ce qui n'est pas le cas.


Une vilaine tache d'Airy.