L'activité de la pédofaune
L’activité de Pédofaune
L’activité incessante de la pédofaune, qu’il s’agisse des détritivores ou de leurs nombreux prédateurs (insectes, araignées, acariens, « mille pattes » de l’ordre des chilopodes, petits mammifères…) a un impact fondamental sur l’organisation du sol. La grande majorité de ces organismes vivant en surface, celle-ci se retrouve fortement aérée par le brassage permanent effectué notamment par les petits animaux (vers, collemboles, acariens, insectes, « mille pattes »…). d’autres animaux circulent entre la surface et les profondeurs du sol, ils sont donc responsable de création de tout un réseau de galerie qui aère le sol sur toute sa profondeur et facilite l’infiltration des eaux de pluie, il s’agit surtout des vers de terre, des fourmis, des termites (surtout en milieu tropical), et des mammifères terricoles.
Observez la structure de ce sol forestier : la rondeur de ses agrégats, surtout dans la partie supérieure (la plus sombre) indique leur origine biologique.
Vu depuis la surface, un sol vivant présente de très nombreux pores en surface qui assurent une bonne infiltration de l’eau de pluie ou d’irrigation.
Les champignons ont également un impact majeur sur la structure du sol, en effet leur mycélium forme un réseau dense de filaments qui emprisonne des particules de terre, favorisant et stabilisant ainsi une structure aérée. De plus, ils sécrètent souvent des composés collant ont un rôle majeur dans la stabilisation de la structure du sol. C’est notamment le cas des champignons mycorhiziens, qui vivent symbiose avec les végétaux (lire l’article qui leur est consacré) et qui sécrètent une molécule appelée glomaline, reconnue comme responsable en grande partie de la stabilité de la structure des sols.
Agrégat de terre « emprisonné » et stabilisé par le mycélium blanc bien visible sur la photo
Une structure aérée et stable couplée à tout un réseau de galerie est une caractéristique essentielle d’un sol fertile. En effet, l’aération de surface et les galeries facilitent l’infiltration de l’eau et donc l’alimentation hydrique des cultures, ceci a pour conséquences, non seulement de réduire la nécessité d’irriguer, mais aussi de diminuer le ruissellement de surface et donc la sensibilité du sol à l’érosion ! De plus la stabilité de la structure en surface évite la formation de croûte de battance sous l’effet des pluies violentes et de l’irrigation, ce qui, là encore, est favorable à la réduction du ruissellement. L’aération du sol facilite également la circulation de l’air et donc de l’oxygène, ce qui est favorable à la bonne santé des racines de végétaux, racine dont le développement est aussi plus facile dans un sol aéré !
Une belle structure « forestière » au potager, c’est possible! La preuve!
L’agriculture moderne a cherché à remplacer le travail de ses organismes par le travail de l’outil, mais les résultats sont souvent contraire aux attentes, car les tracteurs et les labours profonds compactent les sols en profondeur et l’aèrent à excès en surface, ce qui provoque une perte de matière de matière organique, une forte évaporation de l’eau, la mort de nombreux organismes du sol et une structure de moins en moins stable, donc de plus en plus sensible à l’érosion (hydrique et éolienne), à la battance et de moins en moins capable d’infiltrer l’eau et de porter des cultures en bonne santé. Le travail structurant des organismes du sol est irremplaçable !
Sol dégradé par un travail du sol inadapté : la partie inférieure (claire et compacte) est une semelle de labour, alors que l’horizon supérieur est structuré uniquement mécaniquement et présente des agrégats anguleux et instables
L’impact des gouttes de pluies sur un sol à la structure instable créé une croûte superficielle dite de battance. L’eau pénètre mal à travers cette croûte et tend à ruisseler voire à provoquer de l’érosion. Un sol structuré biologiquement est moins sensible à ce type de problème qu’un sol structuré mécaniquement et pauvre en activité biologique.